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Mélanie Desriaux
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Les passagers du Mississippi

« La plupart des aventures racontées dans ce livre ont réellement eu lieu. J’en ai vécu une ou deux ; je dois les autres à mes camarades d’école. Huck Finn est un personnage réel ; Tom Sawyer également, mais lui est un mélange de trois garçons que j’ai bien connus. Il est, en quelque sorte, le résultat d’un travail d’architecte.
Les étranges superstitions que j’évoque étaient très répandues chez les enfants et les esclaves dans l’Ouest, à cette époque-là, c’est-à-dire il y a trente ou quarante ans.
Bien que mon livre soit surtout écrit pour distraire les garçons et les filles, je ne voudrais pas que, sous ce prétexte, les adultes s’en détournent. Je tiens, en effet, à leur rappeler ce qu’ils ont été, la façon qu’ils avaient de réagir, de penser et de parler, et les bizarres aventures dans lesquelles ils se lançaient. » – Mark Twain, Les Aventures de Tom Sawyer.

Promenons-nous dans les bois

« En Carniole-Intérieure se trouve un village appelé Le Haut. Jadis, dans ce petit village habitait Kœurpane, un homme robuste et fort. Et si grand qu’on aurait eu du mal à en trouver un pareil. Le travail ne l’intéressait guère. Par contre, depuis la côte, il transportait sur sa jument du sel de contrebande, du sel anglais, comme on dit, ce qui déjà à l’époque était strictement interdit. Les douaniers l’avaient à l’œil, espérant tomber sur lui comme par hasard, car ils n’osaient l’attaquer de front, de même qu’ils n’oseront pas, quelques années plus tard, croiser le chemin de Štempihar. Kœurpane, lui, les évitait, prenant garde qu’ils ne s’approchent trop près. » – Fran Levstik, Martin Kœurpane du Haut.

N’aie pas peur du loup

Comment vint la crainte La mare est à sec, les ruisseaux taris, Vous et moi ce soir nous sommes amis ; Mufles enfiévrés et ventres poudreux, Flanc contre flanc sur la berge tous deux ; Domptés par le même effroi dévorant, Sans vouloir rêver de chasse ou de sang. Lors le daim peut, sous la biche blotti, Voir de près le loup plus maigre que lui, Et le grand chevreuil sans peur a compté Les crocs sous lesquels son père est tombé. La berge est à sec, les étangs taris, Vous et moi ce soir nous sommes amis Jusqu’à ce que nuage là-haut – Bonne chasse à tous ! – délivre bientôt L’averse qui rompt la Trêve de l’Eau Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle.

La conquête

« Je suis malade et n’ai plus longtemps à vivre. J’emporte de nombreux secrets avec moi, Janey. Ce que je suis et ce que j’aurais pu être.
Je ne suis pas aussi noire qu’on m’a dépeinte. Je veux que tu le croies.
Mes yeux m’ont privée du plaisir que je pouvais prendre à regarder ta photo. Je ne peux plus voir pour écrire. Je dois te dire quelque chose. Si jamais tu viens ici, répare ma vieille maison et ne manque pas d’aller trouver le général Allen, de Billings. C’était un bon ami.
Il y a quelque chose que je devrais te confesser, mais je ne peux tout simplement pas. Je l’emporterai dans ma tombe : pardonne-moi et songe que j’étais solitaire. » – Calamity Jane, Lettres à sa fille.

Atlas

« La Ligne se fait sentir elle même, – du fait d’une Énergie inconnue, nous sommes toujours hantés par cette Limite si précise, si proche. Dans l’obscurité, on ne sait jamais. Bien sûr, je cherche le Sentier des Guerriers, m’imagine être un éclaireur héroïque. Nous le sentons tous imminent, même quand nous sommes éveillés, là-bas, quelque part, de la façon dont on sent une rivière ou un ruisseau devant, avant que quoi que ce soit, – bruit, ciel, végétation, – ait pu l’annoncer. Peut-être est-ce le très sourd Bourdonnement inaudible de son Activité que nous percevons avec une partie également inconnue de nos sens, – ne se trouve-t-il qu’après l’ensuivante chaîne montagneuse ? celle d’après ? Nous possédons des évaluations de Distance grâce aux gardes et aux messagers, mais tant que sa Distance depuis le Poteau Marqué Ouest n’a pas été mesurée, ni même n’est reconnue comme un fait, elle peut demeurer, toute scintillante, parmi les quelques dernières Pages de son Existence, une Fiction. » – Thomas Pynchon, Mason & Dixon.

La bande

« Il n’avait pas envie de jouer. Il avait envie de rencontrer, dans le monde réel, l’image immatérielle que son âme contemplait avec une telle constance. Il ne savait pas où la chercher ni comment, mais une prescience tutélaire lui disait que cette image viendrait à sa rencontre, sans aucun acte précis de sa part. Ils se rejoindraient tranquillement, comme s’ils s’étaient déjà connus et s’étaient donné rendez-vous, peut-être devant une de ces grilles, ou bien en quelque endroit plus secret. Ils seraient seuls, entourés d’obscurité et de silence ; et, dans ce moment de suprême tendresse, il serait transfiguré. Il se fondrait en quelque chose d’impalpable sous ses yeux à elle, et puis, au bout d’un instant, il reparaîtrait transfiguré. La faiblesse, la timidité, l’inexpérience se détacheraient de lui en cet instant magique. » – James Joyce, Dedalus, Portrait de l’artiste jeune par lui-même.

Après la partie

« […] un pan de sa vie, un pan massif, encore chaud, compact, se détache du présent pour chavirer dans un temps révolu, pour y chuter, et disparaître. Elle discerne des éboulements, des glissements de terrain, des failles qui sectionnent le sol sous ses pieds : quelque chose se referme, quelque chose se place désormais hors d’atteinte – un morceau de falaise se sépare du plateau et s’effondre dans la mer, une presqu’île lentement s’arrache du continent et dérive vers le large, solitaire, la porte d’une caverne merveilleuse est soudain obstruée par un rocher – ; le passé a soudain grossi d’un coup, ogre bâfreur de vie, et le présent n’est qu’un seuil ultramince, une ligne au-delà de laquelle il n’y a plus rien de connu. » – Maylis de Kerangal, Réparer les vivants.

6m²

« Ces histoires n’ont jamais fait partie de la vie terrestre de Darrell Standing. Et cependant moi, Darrell Standing, toutes ces choses enfouies en mon tréfonds, je les ai découvertes dans ma cellule d’isolement de San Quentin par une sorte d’hypnose que j’ai pratiquée sur moi-même. Ces expériences ne font pas plus partie de Darrell Standing que le mot de Samarie n’appartenait à Darrell Standing lorsqu’il s’échappa de ses lèvres d’enfant à la vue d’une simple photographie.
On ne peut rien créer de rien. Dans ma cellule solitaire, je n’étais pas en mesure de fabriquer trente-cinq livres de dynamite. Et je ne pouvais pas non plus, à partir de la vie de Darrell Standing, imaginer ces visions si lointaines et si précises du temps et de l’espace. Elles étaient latentes en mon esprit, et je commençais tout juste à trouver les chemins qui y menaient. » – Jack London, Le Vagabond des étoiles.

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